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Alice Domon, une disparue d’Argentine

Alice Domon, - Cathy était son prénom de religieuse – a été enlevée à Buenos Aires, séquestrée, torturée avant d’être assassinée, puis jetée d’un hélicoptère dans le Rio de la Plata en décembre 1977.

LECTURE-SPECTACLE

Adaptation et interprétation Alain Daffos - Jean Stéphane

Mise en espace Christelle Boizanté

Chorégraphie et interprétation Géraldine Borghi - Florencia Buzzo

Musique et chant Aluminé Guerrero - Florencia Buzzo

Avec la participation de Gaby Etchébarne et Aïda Sanchez

Création lumière Didier Glibert

Danseuse, acrobate et musicienne Florencio Buzzo


Alice Domon, - Cathy était son prénom de religieuse – a été enlevée à Buenos Aires, séquestrée, torturée avant d’être assassinée, puis jetée d’un hélicoptère dans le Rio de la Plata en décembre 1977.
Alice, a été victime, comme tant d’autres, de la dictature du Général argentin Jorge Videla. Elle avait quitté sa congrégation des sœurs des Missions étrangères un an avant sa mort. Un choix qui ne cessa de « la creuser » afin de garantir, écrit -elle, « sa liberté de choisir, d’aller toujours plus loin dans cet enfoncement sans retour auprès de ceux, plus pauvres, plus délaissés, plus méprisés que ceux auxquels elle consacrait déjà sa vie gratuitement ». Elle s’activait en effet à porter secours aux argentins qui en avaient le plus besoin, tels les enfants déficients mentaux profonds, les habitants des bidonvilles, les petits paysans exploités par les patrons. Pour s’être solidarisée avec les Mères de la place de Mai, qui militaient pour retrouver les gens séquestrés ou disparus, elle fut arrêtée le 8 décembre 1977.
Les lettres qu’elle écrit à sa famille établie dans le Doubs, entre janvier 1967 date de son arrivée en Argentine jusqu’en novembre 1977, peu avant sa disparition, font état de la personnalité et de l’itinéraire d’une femme témoin éprise de justice et d’humanité.


Alice Domon pourrait être l’incarnation d’une figure universelle et intemporelle tant elle a donné de sa personne pour être aux côtés des immigrés, des malades, des appauvris, des séquestrés, des désespérés.
Parce qu’elle ne les a jamais laissés seuls, convaincue que la solitude était le plus grand des maux, elle s’est comprise elle-même comme missionnaire, une parole qui peut paraitre étrange à beaucoup d’entre nous, mais dont la traduction textuelle d’Alice est claire, cohérente pour pouvoir être interprétée par n’importe lequel d’entre nous aujourd’hui.
Une leçon de vie, une quête d’absolue qu’elle mettra en pratique dans la vie de tous les jours sans enseigner de doctrine chrétienne, sans professer une science pédagogique ou théologique. C’est par son écoute attentive et son humilité auprès des démunis qu’elle apprenait à lutter d’égal à égal contre l’injustice.

Alain Daffos et Jean Stephane, Metteurs en scène


En entrant dans un lieu de mémoire au bord du Rio de la Plata à Buenos Aires, une œuvre d’art attire mon regard : Pensar es un aco revolucionario - penser est un acte révolutionnaire -
Oui tous les dictateurs s’attaquent en premier lieu aux penseurs, aux écrivains, aux artistes, bref à ceux qui risquent d’empêcher la soumission totale des plus pauvres aux projets de domination d’une poignée de milliardaires… C’est le même schéma dans le monde entier.
En France actuellement, la crise fait surgir des réflexions que je juge terrifiantes : « Il nous faut une poigne de fer pour redresser la situation ! » On retrouve ces mêmes paroles dans tous les pays qui ont connu une dictature.
Ne nous laissons pas influencer par de telles réflexions. Dans une de ses lettres, écrites du bidonville, Cathy me disait : « tu sais ce matin, j’ai eu une grande surprise : dans la nuit, une jolie fleur a poussé près de ma paillasse… » Elle en fut éblouie. Jamais elle ne perdit l’espoir…La fleur remplace tôt ou tard la destruction, le désespoir…la vie est plus forte que la mort
Gaby Etchebarne, amie d’Alice Domon


Des fois, je crois que l’on se trompe, nous les gens « bien », catholiques, pratiquants : on oublie, on s’habitue à voir l’injustice envers les petits et les pauvres. On ne réagit pas, parce que ça supposerait de se compromettre en face d’autres gens. Alors on se contente d’aller à la messe pour se donner bonne conscience : malheureusement, je crois qu’on en est un peu tous là et je me mets la première dans le tas. Sais-tu que nos pauvres gens d’ici qui ne savent rien de la messe ni du cathé, m’apprennent à découvrir la valeur de certaines attitudes, par exemple, pour la bonté, c’est extraordinaire.
Alice Domon, Lugano, le 1er juin 1969


Extrait sonore

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Date de création

17 décembre 2016 - Espace Roguet - Toulouse